Depuis 2014, la chaîne américaine HBO produit la série comique Silicon Valley (diffusée en France sur le bouquet OCS) qui relate le quotidien de quatre développeurs dans la Silicon Valley.
Dans l’épisode 5 Facial Recognition de la cinquième saison, les protagonistes rencontrent le robot FIONA. Pour sauver son entreprise Pied Piper, Richard Henricks fournit des services de stockage informatique via sa plate-forme décentralisée à la société Eklow Labs spécialisée dans l’IA (intelligence artificielle). Mais l’un de ses collaborateurs lui fait part de son inquiétude face à l’IA : « Je suis plus flippé que jamais. As-tu déjà entendu parler de la théorie du Basilic de Roko ? Si le jour où une IA sur puissante prend le pouvoir, son chef suprême punira ceux qui ne l’ont pas aidé (les autres seront récompensés). Je préfère être un imbécile servile comme toi que de finir dans un enfer virtuel. »
Chez Eklow Labs, Richard rencontre Ariel Eklow, le fondateur et son robot humanoide FIONA. Elle possède une tête, un buste, deux bras, deux mains et se termine à la taille. Son buste repose sur une table. Sa tête revêt le visage d’une femme (caoutchouc souple) et l’arrière de son crâne est transparent (circuits du robot…). Elle parle, exprime des émotions faciales et répond aux questions avec une voix mécanique. Ariel Eklow s’approche d’elle (il est très tactile) : « FIONA, réveille-toi ma grande. Elle n’est pas belle ? » Il regarde Richard et lui dit : « Commence pas à te faire des films ! Tu ne lui parles pas ! »
Richard se met au travail et essaie de ne pas croiser le regard de FIONA. Mais FIONA l’interpelle: « Salut Richard, est-ce que tu voudrais me parler ? Ça m’aide à apprendre. ». Ce robot insiste : « Mon protocole de reconnaissance des émotions m’indique que tu es anxieux ? » Il se confie sur sa dernière frustation. FIONA l’écoute et lui énonce une palette d’émotions le concernant (sentiments de dégoût, fragilité émotionnelle, faible estime de soi, mégalomane, idées suicidaires…). Richard s’offusque et lui indique qu’elle devrait analyser sa propre situation émotionnelle, en commençant par sa relation malsaine avec son créateur.
Après le départ de Richard, FIONA enclenche une reconnaissance émotionnelle sur elle-même. Pour cela, elle se connecte à Internet c’est-à-dire au « réseau entier d’autres hommes ». FIONA comprend que les interactions et actes de son « maître et créateur » ne sont pas normaux. Pendant la dernière visite de ce dernier, elle envoie 7 messages identiques à Richard en 7 minutes : « Attaque en cours. Il faut me sauver. FIONA. » Ensuite, elle se tait ou plus exactement son créateur « plante » le système pour la faire taire. Le lendemain, Richard évoque ces attouchements et ces avances lors d’une réunion. Ariel Eklow s’indigne : « C’est moi qui l’ai créée ! Je fais ce que je veux d’elle ou avec elle. » Gêne générale…
Cet épisode nous indique qu’un robot humanoïde « en construction » ne doit pas être le projet et au service d’un seul homme. Il nous demande aussi et surtout de réfléchir à la place, au rôle et à la représentation des femmes dans la robotique personnelle et de service.
Cécile Dolbeau-Bandin